SMOKEYS FINGERS : Colombus Ways (2011)


 
Musicians :
Gianluca “LUKE” PATERNITI: lead vocals
Diego “BLEF” DRAGONI: guitars
Fabrizio COSTA: bass
Daniele VACCHINI: drums

Guests:
Mario PERCUDANI: acoustic guitar - track 04 / lap steel - track 09 / background vocals - tracks 01/ 04/ 08
Paolo "APOLLO" NEGRI: Hammond & Rhodes - track 04
Josh ZIGHETTI: background vocals - tracks 01/ 02/ 07
Barbara BOFFELLI: background vocals - tracks 07/ 08/ 11/ 12
Elisa PAGANELLI: background vocals - tracks 02/ 04/ 08/ 09/ 11/ 12
Produced by Mario Percudani and Smokey Fingers
Recorded at Tanzan Music Studio by Mario Percudani and Andrea Zetti
Edited and mixed at Tanzan Music Studio by Daniele Mandelli and Mario Percudani
Mastered at Tanzan Music Studio by Daniele Mandelli

Titles :
1 - Old Jack
2 - The Lover
3 - Chains Of Mind
4 - Born To Run
5 - Ride Of Love
6 - Over The Line
7 - Die For The Glory
8 - The Good Countryside
9 - Sweet Tears
10 - Country Road
11 - Crazy Woman
12 - Devil's Song

Il faut bien avouer qu'il n'est pas forcément très coutumier de chroniquer du Southern Rock made in Italia sur RTJ, et donc lorsque l'occasion nous en est donné de signaler la sortie d'un album intéressant, on se fait un devoir de le transmettre aux lecteurs ! En préambule on se doit aussi de rappeler que l'Italie (comme la France avec les Natchez, General Store et autres Calibre 12) véhicule une vraie passion pour le Southern Rock et ses grands représentants que sont Lynyrd Skynyrd, Blackfoot, et plus récemment Blackberry Smoke. D'ailleurs il n'est pas rare que les groupes cités précédemment s'arrêtent chez les Transalpins lors de leur tournée européenne, et ce sera encore le cas cette année ! Alors voilà, pour ce qui est de Smokeys Fingers, il semble évident que nos Ritals sont très influencés par le côté un peu graisseux du Southern Rock, notamment dans le son des guitares, mais sans pour ça tomber dans l'exagération qui pourrait les positionner plus Hardos que Rock. Le premier morceau "Old Jack" en est le parfait exemple... Un gros riff simple et efficace mais où l'inspiration évite le piège des passages et enchaînements trop banals, l'intro du deuxième titre "The Lover" me fait penser à l'esprit de Blackberry Smoke, sûr... mais ensuite c'est un super boulot, riche en arrangements, qui confirme ce morceau comme un des meilleurs de cet album !
Fondé en 2008 autour du batteur Daniele Vacchini et du guitariste Diego Dragoni ( qui fait aussi parti du "Double Trouble tribute Lynyrd Skynyrd"), Smokeys Fingers pioche son inspiration dans l'esprit et les atmosphères proches du Lynyrd Skynyrd des années récentes. Peut-être pourrait-on juste leur reprocher l'absence d'une deuxième guitare qui puisse soutenir certains passages comme par exemple l'intro de "The Lover" (vu sur YouTube) que je trouve un peu juste en live, alors que bien évidement en studio cette deuxième guitare est très présente… Bref... Ce n'est sûrement pas une mauvaise critique, car je pense sincèrement qu'au travers des titres comme "Ride of Love", "Crazy Woman", ou le superbe "Devil's Song'', Smokeys Fingers mérite un certain respect pour sa démarche qui fidélise le Southern Rock en Italie et en Europe ! Keep on Southern Rocking men !
John Molet

Smokey Fingers, qui c'est ceux-là ? Pourtant les musiciens de Smokey Fingers ne sortent pas de l'inconnu total. Si, prédestination ?, le groupe s'est formé à... Lodi (les amateurs du C.C.R. comprendront), en Italie en 2008, les premières compositions du groupe ont en réalité vu le jour dès 2006 lors de boeufs entre Daniele Vacchini (batterie) et Diego "Blef" Dragoni (guitare). Recherchant des musiciens pour un nouvel ensemble dédié au rock sudiste, avec par-dessus tout Lynyrd Skynyrd et l'Allman Brothers Band en figures tutélaires, Daniele et Diego ont finalement trouvé chaussure à leur pied avec Gianluca Paterniti et Fabrizio Costa, comme par hasard de vieux potes à eux ! Diego et Gianluca avaient déjà joué ensemble au sein de Double Trouble, un groupe hommage à Lynyrd Skynyrd qui avait connu une notoriété certaine, alors que Diego avait joué avec Fabrizio dans Dixie Line et bien d'autres groupes depuis 1999. Une fois réunis, ces quatre lascars ont élaboré la musique du groupe en prenant pour base les idées ayant prévalu pour composer les morceaux de 2006, tandis que l'entente entre Diego et Gianluca, les compositeurs les plus prolifiques du combo, allait croissant et générait de nouveaux morceaux. Après un premier EP (“Smokey Fingers” - 2009), ils nous livrent là enfin un album complet produit par Mario Percudani (Hungry Heart), avec dans l'esprit l'idée de rester fidèle à l'âme du groupe sur scène et aux routes poussiéreuses de l'Alabama, rien de moins! Ouf! Bon, et maintenant, si nous examinions cet album?
Le premier titre démarre en trombe sur un gros riff et sans mollir ensuite en aucune façon : ça c'est du fort, du tord boyau de contrebande vigoureusement envoyé, bien teigneux comme on l'aime, dont les secrets de fabrication plongent aussi bien dans le rock sudiste annoncé que dans le classic hard rock. Le deuxième, aidé par le martèlement puissant de Daniele, enfonce le clou, Diego fait des étincelles en solo en se frottant au métal de la rythmique. Fort heureusement, l'amorce de “Chains Of Mind” laisse échapper un glissando de slide et quelques arpèges, puis fait place à un classique passage hors-tempo bien frappé du son du sud, car à ce stade on commençait à se demander si cet album très énergique était si sudiste que ça! Pas forcément un défaut, car ça pousse bien et nos oreilles se régalent, mais puisque c'est annoncé au menu, on l'attend dans l'assiette ! Plutôt fûtés, finalement, nos Italiens sont capables d'essayer de nous faire croire à une ballade bien tranquille pour nous entraîner progressivement vers une superbe composition sudiste à tiroirs (“Born To Run”) qui permet à Paolo Negri, un de leurs invités, de montrer son talent. A partir de là, gros son ou pas, les notes s'égrennent, les soli expressifs laissent traîner juste ce qu'il faut : “Ride Of Love” nous installe dans le sud, ce que la slide de “Over The Line”, très “rossingtonienne”, ne songe nullement à démentir tandis que la rythmique implacable sur tempo modéré rappelle quelques morceaux skynyrdiens du style de “Voodoo Lake”, par exemple.
Le tempo se débride alors joyeusement avec tout d'abord un “Die For Glory” bien enlevé, suivi d'un titre blues-rock -malgré son nom (“The Good Countryside”)- énergique en diable, au refrain facile et sympa, que n'aurait certes pas renié Blackberry Smoke, avant de marquer une pause par la traditionnelle ballade “accroche-coeur”, à la fois traînante, énergique et lyrique, où la Les Paul de Diego Dragoni se paye quelques bons soli, passant même une fois le relais à la pedal-steel de Mario Percudani, tandis que les choeurs qui avaient pointé (trop) timidement leur nez sur le titre précédent viennent ici enjoliver le propos. L'album se termine par trois excellentes compositions : le complexe “Country Road”, puis l'entraînant “Crazy Woman” strié d'éclairs de slide et poussé par des choeurs convaincants avec toujours sur les deux titres cette Les Paul aux soli marquants, et un titre à facettes entre ballade énergique et rock puissant, “Devil's Song”, qui remprend les composantes des bonnes compos à succès : slide, choeurs et arpèges, avant qu'un break tardif ne débouche sur une fin très galopante, bien à la sudiste, mais avec une seule guitare et marquée par quelques breaks de batterie spectaculaires.
On sort de l'aventure absolument convaincu : richesse des compositions, efficacité des arrangements, qualité de l'interprétation, respect de l'esprit de cette musique, sans pour autant l'enfermer dans un moule stérile, production à la hauteur, tout concourt à louer cet album qui atteint d'emblée un niveau enviable. Ce groupe a des qualités indéniables dont nous attendons au plus vite de les voir confirmées et même encore améliorées. Ceux qui aiment que notre musique soit véhiculée par un gros son ont tout intérêt à aller y jeter un coin d'oreille, et les autres feraient bien de les accompagner ! Nos amis italiens ont frappé un grand coup avec ce missile longuement mûri et si le quatuor continue dans la même veine, il va désormais falloir compter avec Smokey Fingers !
Y. Philippot-Degand